I.
Introduction
Dans
le cadre de la mise en place ou émergence du mouvement paysan, il y a lieu de
souligner le rôle que joue les Organisation Non Gouvernement de Développement
ou ONGD. C’est ainsi que nous voulons dans cet article rappeler comment les
ONGD influencent la culture de l’intérêt général. Cet article tire son origine
de l’exposé que nous avons présenté à la journée de réflexion sur le sens de
l’intérêt général à Malueka organisé par l’ONGD GAAD le 15 novembre 2008.
II.
Quelques définitions
(a)
La culture
Le
mot « culture » vient du latin « cultura » qui signifie le soin apporté aux champs ou
au bétail.
Au
XVIe siècle, la culture renvoie plus à une action, à savoir celui de cultiver
la terre. Au fil des siècles, le terme prend un sens plus figuré, il devient
une faculté de l’esprit, le fait de travailler à la développer.
Deux
tendances possibles mieux deux dimensions se dégagent de cette définition :
- Individuelle : La culture comme un
ensemble des savoirs, des connaissances,…. D’où l’expression assez
courante : homme cultivé ou encore La culture, c’est ce qui reste
quand on a tout oublié.
- Sociale : elle est une construction sociale.
- Elle est un mode de penser, d’agir, de sentir, de
croire et de voir le monde qui doit être conçu intellectuellement
- Elle est l’ensemble des mentalités et des mœurs
d’un groupe donné, à quoi peut s’ajouter son organisation matérielle et
technologique.[1]
Chaque peuple est engagé par une
détermination de durer et de
réaliser son développement ou destin humain. A cet effet, il met en place
un ensemble de moyens, de techniques, des codes de comportements
individuels et collectifs, de règles de vie, des croyances. Aussi, la force d’une culture se
trouve dans sa capacité à mettre ensemble des énergies, à orienter des
intérêts et à régenter des manières d’être et de comporter afin de
produire des changements durables.
(b)
L’intérêt général
Il peut être définit comme ce qui est à l’avantage
de tout le monde.
La
culture de l’intérêt général est une habitude ou un comportement qu’une
communauté doit avoir ou développer pour l’acquisition et la gestion d’un bien communautaire.
Il
s’identifie parfois comme « la
volonté générale », expression empruntée à Rousseau. De manière claire, quel que soit le chemin que
l’intérêt général veut se définir, son expression reste claire et sans
ambigüité. L’intérêt général c’est : la liberté, la justice, le droit à
une vie décente, droit à l’alimentation, à la scolarisation, …..
Dans
bien de cas, l’intérêt général est la résultante de la culture.
Pour
parvenir à une culture de l’intérêt général, il appartient à la communauté
par l’Etat/gouvernant d’organiser la
société dans ces sens. A cet effet, les conditions suivantes doivent être
réunies :
- Former et éduquer la population. Pour Aristote
« seul l’homme éduqué est
véritablement utile à la sécurité, à la continuité et à l’harmonie de la
cité ».
- L’existence de la démocratie, le respect des
droits des citoyens, la bonne gouvernance, …
III.
Du Rôle des ONGD ou de l’échec de l’Etat à l’émergence des acteurs non
gouvernementaux
L’origine
des ONG remonte loin dans le passé. Elle trouve sa justification dans l’échec
de l’Etat. Aujourd’hui, l’Etat providence n’existe plus, tout est tombé en
ruine, la population est vouée à son propre sort. Elle doit se débrouiller pour
survivre. Sur le plan des valeurs, c’est la grande perdition, le pays, la RDC
n’a plus de repères, des modèles, les valeurs ne sont plus promues (nos
publicités, l’impunité,…
C’est
alors qu’apparaît les Organisations non gouvernementale.
Le code de bonne conduite des ONG,
CNONGD définit une ONGD comme : «
une association sans but lucratif des personnes physiques ou morales qui visent
l’amélioration durable, participative et consciente des conditions de vie des
populations démunies dont la création ne résulte pas de la décision d’un
institution étatique».
§ La finalité d’une ONGD est la promotion de
la personne dans toutes les dimensions (économique, sociale, politique et
culturelle) sans discrimination de sexe, de races, d’idéologie.
§ La finalité d’une ONGD est la promotion du
bien être social de la communauté de base.
§ La finalité d’une ONGD est de créer des
actions pour contribuer au développement de la communauté c’est-à-dire aidé les
communautés à trouver des solutions à leurs problèmes.
§ La finalité d’une ONGD est
l’amélioration durable de conditions de
vie de la population de base.
De manière non équivoque, il apparaît que les ONGD sont des structures
qui contribuent à l’édification de la culture de l’intérêt communautaire :
§ Là où l’Etat remplit correctement sa mission, elles construisent leurs
actions sur le programme des gouvernements et contribuent ainsi à la réalisation
de la vision de la communauté
§ Là où l’Etat ne fonctionne pas assez correctement, elle a une double
mission à savoir :
o
Accompagner la population dans la
recherche des solutions alternatives et durables à leurs problèmes. Conduire la population à
réfléchir pas soi même et apporter par elle même ses meilleures réponses aux
questions pertinentes qu’elle se pose. Cette recherche passe par un exercice de
la constructive collective de la société : que voulons nous ? Comment
l’obtenir ? Avec quels moyens et avec quelles stratégies,…
o
Se mobiliser pour exiger que
l’Etat prenne ses responsabilités
Les Types des ONG
- Les ONG de financement : ce sont celles qui
collectent des fonds et obtiennent parfois des subventions de leurs
gouvernements. Elles peuvent être confessionnelles ou non
confessionnelles. Ex : Union Européenne, Pnud, Oxfam, …
- Les ONG d’intervention ou d’appui :
celles-ci opèrent sur le terrain et sont en générale spécialisé dans un ou
plusieurs domaines d’intervention.
Elles ont un peut des moyens financiers propre et se tourne vers les ONG
de financements pour obtenir des subventions qui financent leurs
activités. Ex : l’Indes Formation Congo, Gaad, …
IV.
Les associations à la base : Espace de la production de la culture
de l’intérêt général : cas des CLD, cas de DJDL (GAAD),…
Ces
associations sont les fruits de notre travail et les résultats sont assez
satisfaisants. Le tableau ci-dessus explique comment la culture de l’intérêt
général se construit autour d’une action de développement. Nous prenons
dans le cadre de cet article, le processus de mise en place d’une association
de base, cas du comité Local de développement.
Etapes
|
Impact sur le sens de l’intérêt général
|
Sensibilisation
|
Construire
le sentiment d’appartenir à une même communauté et de partager le même sort
|
Elaboration
des textes de base (statuts, règlement d’ordre intérieur,…)
|
Apprendre
à vivre selon les règles que nous nous sommes fixées et pouvoir le respecter.
C’est l’exercice du sentiment citoyen.
|
Election
des membres du comité de gestion
|
Se
choisir ses propres dirigeants et accepter l’alternance. C’est la
construction des valeurs démocratiques
|
Elaboration
du plan de développement local
|
Identifier
nos priorités et construire ensemble notre action. Par cet acte, nous
réalisons notre projet de société. Il y a des actions communautaires ont été
initiées et menées : le plaidoyer auprès de la SNEL et de la Regideso,
les actions d’assainissement et de lutte contre les érosions, la colère collective contre les violences sexuelles et la
criminalité dans le quartier, la présente réflexion,…
|
Cet
état d’espoir ne doit pas occulter les difficultés que nous éprouvons sur
terrain : attentisme dû à une grande pauvreté, l’analphabétisme,…
|
V.
La conclusion
En
termes de conclusion, nous dirons que :
- En tant que construit social, l’intérêt général
est un processus qui nécessite l’implication de tous les acteurs ;
- Les ONGD contribuent de manière significative à
l’édification de l’intérêt général mais les actions menées ne peuvent
réellement conduire à un développement durable en l’absence d’un Etat
organisé, qui reste les droits des citoyens, promeut la démocratie, qui
garantit l’accès aux services sociaux de base,
- Le chemin est long, parsemé de beaucoup d’embûches
mais l’espoir est permis. Les résultats simples mais significatifs des
actions menées par la population de Lukunga et de Maman Yemo nous permettent
d’espérer.
Sylvain Ntumba M.
Directeur National - IFCO
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